Un week end chez Albert
Jeudi, avril 5th, 2007Salut tous,
Motivé comme jamais par une envie irrépressible de figurer sur les tablettes
de la ligue régionale de Provence, au chapitre Enduro, verset 2007, s’il
vous plait, je me décidai à accompagner Fred en stage de deux jours chez
Oncle Albert… Oui, oui, celui là même, l’illustre franchissseur, l’hôte de
moultes essais de nos brêles adorées pour nos mags préférés… On allait
voir de qu’on allait voir (j’adore cette expression !) bref, c’est un poil
anxieux qu’on se pointait au domaine de la Gore - Ca allait saigner !
Au petit déjeuner on fait connaissance de Julien, un parisien (qu’on a
aussitôt emboucané sur le PSG - normal) et qui prévoit un périple en Afrique
avec sa XR650 flambante. Il est venu ici avec la ferme intention de savoir
manipuler sa moto pour éviter les pièges d’un périple Alger-Abdijan. Oncle
Albert lui a vite fait refilé un TTR d’avant guerre pour qu’il fasse ses
armes.
Au matin, Albert fait le tour du propriétaire à la façon d’un maquignon
jaugeant nos bêtes avant de les envoyer à la boucherie. L’oeil du maitre
s’arrête sur mon étincellante 200 KT : garde boue avant tordu, boucle
arrière du cadre savament voilée pour compenser, fond de plaque de
différents tons de vénilia vert découpés à la serpe, un filet d’huile noire
qui goutte du silencieux malgré la croute de terre sèche qui l’enveloppe…
Verdict sur les commandes : faut pas que la poignée tourne, l’embrayage il
est trop dur car il faut pouvoir le choper et l’utiliser de l’index seul, ta
fourche “elle est en bois”. Bon.
Après une rapide prise en main, on a attaqué les exos et on a continué.
C’est pas compliqué, pendant deux jours j’ai eu l’impression de ne faire que
du “dur”. Exercices de freinage en descente rapide (garder du régime moteur
pour asseoir la tomo tout en actionnant le frein arrière), pratique de
virages dans un mouchoir en faisant déraper le cul de la brêle, puis sans
déraper, franchissement de tronc d’arbrisseaux, tentavives de montée raide,
ratage des tentatives, passage en remontée de ruisseau (debout et
rapidement, svp !), technique de saut sur table (faut aller beaucoup plus
vite !), bref heureusement qu’il y a des temps morts parce qu’à s’appliquer
sur un exercice pas évident, on est vite cramé.
En clair et en fin de stage ça donne :
- Il y a de plus en plus de trucs que je ne sais pas faire,
- Ce que je croyais savoir faire, je le fais mal ou dans le désordre
(gloups!!)
Mais…
- Je sais comment bien le faire. C’est pas au point, certes, je n’y
arriverai certainement jamais, d’accord, mais ça permet de travailler dans
la bonne direction.
Personnellement, je dois :
- Rester debout et sur l’avant de la brêle (même quand je veux poser mon cul
pour choper de l’adhérence par fatigue ou par flemme)
- Savoir garder mon moulin à un régime REGULIER dans les tours, et jouer sur
l’embrayage pour _distribuer_ de la puissance en fonction de la difficulté
- Ne pas faire Wouap! Wouap! Wouap! avec l’accélerateur. Un drame. Faut
avouer que ça enlève une partie du plaisir de piloter un 2 temps, mais c’est
la rançon de l’efficacité.
La leçon d’Albert. Il en fallait une et mémorable elle fut :
C’est l’histoire d’une montée, elle n’est pas super longue et il y a deux
parties. La première partie commence par un virage dans la pierraille qui
jette dans tous les sens, et continue raide entre arbres, racines et rochers
sur une 15aine de mètres. Un petit snetier à flanc, cloture cette première
partie et sert d’échappatoire. La seconde partie commence là : c’est encore
plus raide, raviné, faut serpenter entre les arbres et ça se termine par un
mur quasi vertical de 2 m de haut en terre.
Mon premier essai fut assez bref : je tente de la jouer fûté en prenant de
la vitesse dans le virage, ça n’a pas été plus loin : La meule en travers
dans les pavasses. Je retente en souplesse, le virage passe, mais dans la
foulée je ne mets pas assez de gaz et c’est retour à la case départ.
Troisième essai : souple dans le virage, j’attends que la brêle soit en
ligne pour y aller franco… Ça monte, pas terrible, je pédale, je me fais
bazarder à droite et à gauche, je fais cirer, et dans un dernier souffle je
chope l’échappatoire. Gros, gros OUF de soulagement ! Bon, je ne m’estime
pas malheureux sur l’action et m’arrête à cette première partie.
Maitre Albert venant à ma rencontre, m’aborde à peu près en ces termes :
“Eh l’ami, veux tu que je montrasse comment utiliser ta KTM ?”
Sitôt dit, sitôt fait. L’oncle Albert monte sur mon brêlon,
Et s’en va tout pétaradant, au bas du raidillon.
Il passe à vitesse ralentie le pénible virage
Qui, il y a peu me mettai vert de rage.
Je me dis que ça va finir en carnage,
Quand va t’il enfin lacher l’embrayage ?
Mais l’homme a plus d’un tour dans son sac,
Il attendait le moment de passer à l’attaque :
Un peu de terre meuble au fond d’une saignée,
Le voilà qui prend les tours et essore la poignée !
On ne voit pas grand chose sinon une trainée bleutée,
Une roue arrière qui s’emballe, des caillasses éjectées,
Et un bonhomme debout, concentré sur sa trajectoire
L’index gauche comme une gachette dosant l’embrayoir
Que croyez vous qu’il arriva ?
Ce ne fut qu’en haut qu’il stoppa !
–
Sérieux, il a fait la même chose avec le 300 de Fred, à 3/4 plein
régime(genre ça hurle de chez Metalica), il garde de la vitesse et joue sur
l’embrayage pour garder de l’adhérence. Impressionnant. Bon, j’ai évidemment
essayé cette technique, j’ai cru un instant avoir trouvé le saint Graal,
mais l’instant fut de courte durée, j’ai filé direct sur un arbre.
Voilà, voilà
On bosse dur chez A2O… Et ce qu’il y a de sympa c’est que tu décides de
ton programme. Notre moniteur, Pierre, a fait tout son possible pour qu’on
bosse ce qu’on avait envie de travailler : j’ai l’impression qu’il nous a
filé les bonnes bases. Après, c’est pas à 45 balais que je vais me
transformer en Merriman…
Bruno de Mars